[critique] Cloud Atlas

En décidant d’adapter le roman «Cartographie des nuages»  de David Mitchell, les Wachowski, accompagnés de Tom Tykwer n’ont pas voulu faire leur come-back dans la facilité, s’attaquant là à une oeuvre aussi dense que déjà bien complexe  à l’écrit, au risque de ne pas rencontrer lesuccès commercial. Alors, comment s’en sortent ces trois réalisateur ; s’agit t’il là d’un pétard mouillé incompréhensible ou au contraire d’un film déjà en passe d’être considéré comme culte ? 

L’oeuvre de D. Mitchell était considéré par bon nombre de littéraires comme inadaptable, la faute à son schéma narratif déroutant : le livre nous fait en fait suivre 6 histoires bien distinctes, se déroulant à différentes époques ; pour cela, le début des cinq premières histoires sont narrés, puis vient l’intégralité de la 6e histoire et pour conclure les fins des cinq premières histoires vont conclurent le tout. Un véritable casse-tête à adapter en somme.

Une oeuvre à l’image de la naissance du speech, bien atypique elle  aussi. Celui qui a eu l’idée d’adapter le livre en film est en réalité Tom Tykwer, mais, à ce moment c’était les frères Wachowski qui en détenaient les droits, il leur a donc fait part de son idée, et il s’en est réuslté un trio de réalisateurs pour ce même film. De plus, la production, certainement très frileuse à l’idée de sortir un film aussi original, à fait de bizarres décisions. En effet, le film est d’abord sorti en blu-ray en Amérique, avant sa sortie en salles, et il est débarqué seulement ce mois-ci en France (mars au moment où j’écris cet article), alors qu’il était sorti des mois avant en Amérique du nord. Bizarre pour un film que l’on pourrait nommer de blockbuster (100 millions de dollars pour budget quand même) de ne pas avoir une sortie «mondiale» (ne serait-ce que pour éviter que les habitants étrangers aux USA ne le téléchargent..).

Mais revenons en au film en lui même, l’adapter tel quel, en suivant à la lettre le schéma narratif aurait été totalement suicidaire,l’oeuvre de base étant pour le compte totalement inadaptable, le trio de réalisateur n’est heureusement pas tombé dans le piège et a décidé de totament chambouler le tout : on passera d’une histoire à une autre comme ça, sans ordre précis établit. Mais chacun des récits se déroule à la même vitesse, pour que tous se terminent plus ou moins en même temps. C’est d’ailleurs une véritable force du film, cette capacité à passer d’une histoire à une autre, sans provoquer de maux de tête aux spectateur, le tout paraissant véritablement naturel. Il s’agit incontestablement d’un tour de force impressionant de ce côté là.

Les six histoires différentes, permettent aux réalisateurs, d’aborder en un seul film et «seulement» 2H45, quasiment sixgenres différents et une tonne de thématiques. On suivra les péripéties d’une journaliste tentant d’obtenir la vérité sur les opérations d’un lobby hyper puissant, dans un style années 70, en passant par la vie de compositeur d’un jeune homme homosexuel au début du 20e siècle, racontant sa vie sous le joug d’un des plus grand compositeur de l’époque à son «ami» sous forme épistolaire. Sans oublier le voyage d’un avocat accompagné d’un esclave et de son médecin, la vie d’un éditeur à la soixangtaine donnant une touche d’humour et de léger à l’ensemble, et pour finir deux parties ancrées dans la science-fiction. Une narre la prise de conscience d’un «clone» comme tant d’autres créés par une entreprise pour les garder sous état d’esclavage, ce clone-ci apprenant la «réalité» et diffusant un message de paix et d’espoir. La dernière histoire, se déroule elle dans un monde post-apocalyptique, et conte la rencontre entre un homme, hanté par ses souvenirs et ses hantises, vivant dans un peuple primitif avec une femme elle «du futur» cherchant un refuge pour son peuple.

Vous l’aurez compris, faire le résumé de tous ces récits en quelques lignes est chose ardue, et à vrai dire, les 3h du film elles-mêmes ne sont pas de trop, chacune des parties ayant réellement un univers, un scénario et assez de choses à dire pour en dédier à chacune un film complet.

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Mais il existe bien évidemment des liens entre chaqunes des intrigues, le message global du film étant que chaque action, qu’elle soit bonne ou mauvaise, importante ou anodine aura une répercution sur la vie d’une autre personne, une théorie assez proche de la fameuse «théorie du chaos». Les liens entre chaque histoire sont merveilleusement bien mis en avant grâce à une réalisation impeccable, le film alternant les différents récits pile-poile aux bons moments pour que tous les liens nous sautent aux yeux et que l’ensemble coule de source. Les Wachowski nous montrent également qu’ils savent toujours faire des scènes d’action nerveuses et extrêment bien ficelées avec une certaine scène d’évasion sur les autoroutes de néo-Séoul qui n’a rien à envier des scènes de Matrix. D’autres scènes, plus admiratives sont également très réussies, avec des très beaux plans, de magnifiques images et pour certaines de bien jolis paysages. Un très bon boulot du côté de la réalisation donc.

Les acteurs également s’en tirent avec les honneurs, tous jouant bien, voire très bien. De plus, comme si le film n’était déjà pas assez particulier, certains acteurs jouent plusieurs rôles dans différentes histoires, on retiendra notamment la très bonne performence de Hugo Weaving, toujours dans son rôle de méchant et également dans la peau d’une infirmière (!) plutôt psychopate sur les bords. Encore une très bonne idée des réalisateurs de donner plusieurs rôles à certains acteurs, accentuant au passage l’impression que tout est lié.

En réalité il s’agit à mes yeux d’un casi-sans fautes : bien réalisé, bien joué, possédant une musique assez agréable, très original et abordant une tonne d’idées et de thématiques dans des univers et genre cinématographiques différents, tout est là pour qu’il devienne un film culte, mais à mes yeux la fin gâche un peu l’ensemble, trop «happy end» (ce qui aurait très bien pût ne pas être un défault si c’était mieux ammené) et convenue surtout pour un film de cette ampleur.

Projet totalement fou et diablement ambitieux, Cloud Atlas réussit tous les objectifs qu’il s’était fixé, cassant l’ordre établit et mélangeant les genres, il nous dévoile notamment des univers très crédibles (que ce soit dans la reconstitution historique ou dans les univers de pure fiction) pour nous proposer un ensemble, qui si il ne plaira pas à tout le monde, ne manque pas de caractère et marquera certainement plus d’un esprit.